Histoire du Maroc



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La diversité culturelle du Maroc

Terre déjà visitée par les dieux grecs, le Maroc ne cesse au cours de son histoire, d’attirer la convoitise de puissants conquérants : phéniciens, carthaginois, mauritaniens, romains, vandales, byzantins, wisigoths. Vers le 7ème siècle commença la conquête arabe qui introduisit définitivement l’islam.
Ce dernier évènement marquera assurément l’histoire du Maroc en permettant au pays de se construire sur des principes religieux et politiques partagés.

Ces différentes intrusions contribuèrent tant au brassage des populations qu’aux richesses spirituelles et artistiques qui illuminent la pluralité de la culture marocaine actuelle.
Si les berbères se convertirent massivement à l’islam, ils manifestèrent cependant longtemps une vive résistance à l’entrée des musulmans au Maghreb, ce qui freina leur installation.

 

Du 8ème au 18 ème siècle six dynasties arabes et berbères se succèdèrent :

-    (788 - 1055) la dynastie idrisside (d’origine arabe)

Elle consolide l’islam et crée  la cité de Fès en 789 qui exercera un rayonnement économique, social, religieux et artistique.

-    (1055 - 1144) la dynastie almoravide (guerriers berbères nomades)

Elle s’empare de Fès et crée, en 1062, la ville de Marrakech comme capitale du royaume. Son roi, Youcef ben Tachfine, par ses conquêtes guerrières, rattache une partie du Sénégal, du Maghreb de l’Espagne et du Portugal à son empire de Marrakech. Son fils lui succède à partir de 1106.

-    (1130 - 1269) la dynastie almohade (guerriers porteurs des valeurs  religieuses et sociales d’un supposé Mahdi « envoyé de Dieu » de Tinmal situé au sud de Marrakech)

Abd el-Moumen, à la tête de cette armée, s’empare de Marrakech en 1147. Il prend le titre de calife pour fonder cette nouvelle dynastie.
Il fait construire la mosquée de la Koutoubia à Marrakech et également ériger les remparts de Rabat.
Avec son successeur, Yacoub el-Mansour, ils développent leurs pouvoirs sur l’immense empire du Maghreb ralliant l’ensemble de l’Afrique du Nord à l’Espagne musulmane.  Ce dernier prend le titre d’Almir al mouminin de « commandeur des croyants ».
Après la mort de Yacoub el-Mansour, les défaites militaires se multiplient en Espagne et dans le Maghreb oriental (Meknès, Fès, Rabat, Marrakech…) faisant éclater l’empire et rejeter sa doctrine religieuse trop radicale.  

-    (1269 - 1471) la dynastie mérinide (guerriers originaires des hauts plateaux du Maroc oriental)

Profitant de l’épuisement de la dynastie almohade, ils s’approprient Fès et ses plaines voisines, Rabat, Salé. Ils créent une nouvelle capitale, Fès Djedid (« Fès la Nouvelle ») qu’ils dotent de la médersa El-Attarîn pour y asseoir leur pouvoir et leurs croyances religieuses. D’autres mosquées (Taza, Tlemcen…) et médersas gardent traces de leur dynastie.
La peste noire, et les luttes de pouvoir meurtrières provoquent la décadence de la dynastie.

-    (1525 - 1659) la dynastie saadienne (guerriers arabes descendant du Prophète et originaire de la vallée du Draa)

L’expansion ibérique notamment par des comptoirs commerciaux sur la côte marocaine (portugais à Tanger, Ceuta, Agadir…), soulève de fortes répliques chez les Saadiens. Ils reconstruisent le territoire marocain tout en assurant leur pouvoir et leur richesse par, notamment, la reprise de Marrakech et de Fès, la reconquête de certains comptoirs aux portugais et le contrôle de la route de l’or par la prise de Tombouctou et de la boucle du Niger. Ils établissent leur capitale à Marrakech, où le palais el-Badi témoigne encore du raffinement et de la richesse de leur cour.
En 1603, à la mort du sultan Ahmed al- Mansour dit «  le Doré », les querelles de succession divisent et affaiblissent à nouveau le pays partagé en plusieurs principautés

-    (1660 – à nos jours) la dynastie alouite (originaire des Chorfa du Tafilalet et descendants du Prophète)

Souverains indépendants depuis la moitié du 15ème siècle, ils s’engagent à réunifier le Maroc en appliquant une  politique économique et militaire des plus rigides. Moulay Ismaïl, un de ses plus célèbres souverains gouverne pendant 55 ans (1672 – 1727) et construit sa capitale à Meknès. Il fonde l’empire chérifien, après de nombreuses guerres contre les occupants étrangers (Larache, Tanger), ainsi que les pouvoirs politiques et religieux locaux. Il étend son pouvoir jusqu’au Sénégal. Son action et son autorité contribuent à la réorganisation et la pacification du Maroc. Il consolide son image et ses relations extérieures en côtoyant  les grands souverains d’Europe, Louis XIV et Jacques II d’Angleterre.
Sa mort installe le trouble et l’agitation dans le pays : guerre civile, oppositions religieuses, famine due à la sécheresse et épidémies. Cette situation renforce  le pouvoir des chefs locaux et participe au nouveau repli du Maroc sur lui-même. Le soutien de l’Empire Chérifien à l’Emir algérien Abd el-Kader et la crise politique du pays déclenchent les interventions militaires de la France en 1844 et de l’Espagne en 1859-1860. Malgré les importants efforts du Sultan Moulay Hassan Ier (1873-1894) pour renforcer son pouvoir et maintenir l’indépendance, la crise financière oblige l’Etat marocain à s’endetter auprès des banques étrangères.

-    (1912 – 1956) Le protectorat

La conférence d’Algésiras (1906) valide l’intervention des puissances occidentales au Maroc et nomme mandataires de la nouvelle Banque d’Etat du Maroc la France et l’Espagne. Puis l’armée française intervient suite à de nombreux incidents, notamment auprès de ressortissants européens. Elle occupe Casablanca en 1907, puis Oujda et Fès. Dès 1909, l’Espagne se lance à la conquête militaire du Rif. Le sultan, Moulay Hafid, face à l’avancée française doit accepter un traité de protectorat signé le 30 mars 1912 à Fès. Cette même année, en novembre, la convention de Madrid installe le protectorat espagnol dans le nord du pays.
Le général Lyautey, nommé résident général au Maroc le 28 avril 1912, installe la capitale à Rabat. Sa première mission est de ramener l’ordre face aux vives résistances marocaines et aux révoltes berbères, en particulier celle du Rif conduite en 1921 par Abdelkrim qui dure 5ans avant d’être éteinte par une coalition franco-espagnole.
Le résident amorce également, avec l’appui de l’urbaniste Léon Henri Prost, la modernisation des villes (port de Casablanca, routes, écoles…). Il quitte la Maroc en 1925.
Le développement de l’administration française directe réduit les prérogatives du pouvoir central chérifien tout en attisant la résistance, surtout des jeunes élites urbaines.
La seconde guerre mondiale affaiblit la position de la France au Maroc et pose une trêve avec l’opposition nationaliste. Les troupes marocaines combattent au côté de la France libre. Le débarquement des alliés en 1942 réveille les aspirations nationalistes. La  rencontre entre le sultan ben Youssef (qui deviendra Mohammed V) et le président Roosvelt les renforcera. Dès 1944, les désaccords se multiplient entre le sultan et le résident général. En avril 1947, dans son discours de Tanger, le souverain revendique, pour la première fois publiquement l’indépendance du Maroc.  Les négociations échouent tout en générant de forts mouvements insurrectionnels, tandis que le sultan est déposé puis exilé avec ses fils.

 

Le Maroc indépendant

La multitude de conflits (insurrections algériennes et marocaines et la guerre d’Indochine) oblige la France à trouver une solution politique. Le retour d’exil du souverain en 1955 ouvre le chemin de l’indépendance. Le Maroc la retrouve en 1956 après quarante quatre ans de tutelle étrangère. En 1957, le nouvel Etat devient le royaume du Maroc.
Mohammed V s’attache à doter le pays d’institutions démocratiques et parvient à rédiger une constitution avant de décéder en 1961.
Son fils Hassan II instaure une monarchie constitutionnelle en 1962. Mais en juin 1965, face aux émeutes populaires (Casablanca, Fès et Rabat) et à l’opposition de l’Istiqlal et de l’Union nationale des forces populaires (U.N.F.P.), fondée par Ben Barka, Hassan II doit suspendre la Constitution pour assumer personnellement le pouvoir.

En juillet 1971, une nouvelle constitution est adoptée malgré l’animosité de l’Isqlal et de l’UNFP. Le coup d’Etat sanglant puis les complots successifs contre le roi entre 1971 et 1972 provoquent de sévères répressions. Cependant, la Constitution de 1972 introduit une certaine libéralisation du régime qui permet à des membres de l’Isqlal d’entrer au gouvernement en 1977. En novembre 1975, une marche populaire (la Marche verte) pour intégrer l’ancien Sahara espagnol, mobilise une partie de l’opposition et le peuple au côté de son monarque. Cependant, ce litige provoque une crise sévère entre le Maroc et l’Algérie qui soutint le mouvement sahraoui.
Après une nouvelle période d’émeutes et de répressions (1981 et 1984), dès les années 1990, le régime se démocratise soutenu par une certaine pacification sociale, des évolutions régionales et internationales ainsi que des mutations importantes de la société. La nouvelle Constitution de 1992, confirme ces changements en élargissant le rôle du Parlement.

L’importance de son action internationale comme ses grandioses constructions (la mosquée Hassan II de Casablanca, les universités, les aéroports …)  témoignent encore de ses engagements politiques et diplomatiques comme de son modernisme.
Le roi Hassan II décède le 23 juillet 1999 après 38 ans de règne. Son fils,  intronisé le 30 juillet 1999, sous le nom de Mohammed VI, lui succède. Héritier d’un pays unifié, le souverain, très populaire, s’engage dans l’accélération de la démocratisation du Maroc et de son développement économique et social.


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Auteur : Marie Belattar

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