Insolites

L'art de l'Aà�ta, poésie populaire, entre joie et révolte

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Une diva de l'Aïta, L'Hajja l'Hammounia, à quitté notre monde début juillet. Elle était née en 1930, dans la région d'Essaouira, un monde rural dont les valeurs conservatrices étaient autant de carcans culturels. Le parcours de cette femme exceptionnelle laisse à penser qu'elle fut dès l'adolescence « investie » par une âme venue de la nuit des temps.

C'est par le refus qu'elle va se construire, le refus d'un mariage imposé à une fillette de 12 ans et par une passion qui naitra d'une rencontre avec Cheikh Jilali. Cet homme saura déceler immédiatement en elle, la grande artiste qu'elle deviendra. En lui transmettant l'art de l'Aïta, il lui permet d'exprimer, dans la poésie et par l'art de la chanson, cette indépendance nécessaire à toute création. C'est tout un patrimoine culturel qui se révèle et dépasse les frontières du Maroc. De village en village, de ville en ville, c'est en Espagne ou en France que l'on finira par l'entendre et l'admirer.

Cette icône de l'Aïta est la digne héritière d'une autre femme, qui au Maroc, est un mythe, La Kharboucha. C'est dans la région de Safi, que cette chikha exceptionnelle, se lèvera, avec une force et une rage que rien n'arrête, contre l'injustice. Elle s'opposera par son chant au caïd Aïssa Ben Omar, âme tyrannique, inféodé au pouvoir des colonisateurs français. Il finira par la réduire au silence par un acte sauvage qui fera d'elle un mythe. Hamid Zoughi en a fait un film, « Kharboucha ou rien n'est éternel ».

L'Aïta, la vraie, celle qui n'est pas dévoyée, est le livre qui s'écrit depuis des générations sur les racines d'un peuple. L'Aïta est un appel fédérateur, une transcription orale de la mémoire collective d'une culture ancestrale. Ce chant exprime les joies et les peurs, mais il est aussi une photographie sociale, un canevas que l'on suit pour ne rien oublier. Le Maroc d'aujourd'hui s'est lancé dans la préservation de son patrimoine et de son identité. Tout comme la Halqua, l'Aïta est un pan du patrimoine intangible d'un peuple. Ce pays est un camaïeu d'apports venus de toute l'Afrique et de bien plus loin encore. Il est primordial que les générations futures en bénéficient.

C'est à travers les fêtes familiales et les moussem que continuent à vivre cet art. C'est aussi grâce à des artistes de talent comme la Hajja Hamdawiya ou l'ensemble Oulad Bouazzaoui, que l'Aïta, ode à la mémoire, à la joie et aux valeurs humanistes, reste vivace et connue de tous.   

http://musique.arabe.over-blog.com/article-30463601.html

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