Insolites

Etre touristiquement correct c'est savoir des choses ce qui évite de dire des choses

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Marrakech, on en rêve sous la grisaille, on l'attend ce voyage, on se prépare à vivre quelques jours de farniente sous un soleil que l'on a pas vu depuis longtemps et un ciel bleu que l'on a perdu de vue depuis aussi longtemps. Préparer son voyage pour qu'il soit réussi c'est bien, mais un touriste a des devoirs tout autant que des droits.


Le mois d'octobre au Maroc est un bon exemple, bien sûr il y a l'Aïd Kbir, ça tout le monde le sait, sauf les moutons. Mais pendant la même période, il y a les mouches. Des centaines de millier de mouches un peu partout, qui s'agitent et vrombissent allègrement et avec constance. Non ce n'est pas parce que les marocains sont sales ! Je n'invente rien.

C'est typiquement ce genre de considération que l'on peut entendre dans la médina, en ce bon mois d'octobre. Assis à la terrasse d'un café, tout nimbé de sa supériorité de touriste venant d'un pays « civilisé » où les poubelles sont de toutes les couleurs et bien rangées par ordre, où les éboueurs sont propres et bien équipés, où tout ou presque est sous vide, notre « homo superioritus » dégoise sur les choses à faire dans « ce pays » pour éduquer dans le seul but de supprimer les mouches.

Notre ami a du travail sur la planche. Il va devoir à lui tout seul prendre une hache et abattre tous les palmiers dattiers de Marrakech d'abord et du Maroc ensuite. Pourquoi ? Parce que pendant la saison du ramassage des dattes, les mouches prolifèrent parce que les mouches adorent les dattes. Je simplifie mais l'idée générale est la bonne. Nous avons donc réglé le problème des mouches. Mais il y en a d'autres.
Dans la médina, outre le beau décor des souks colorés, il existe plein de petites boutiques, épiciers, bouchers, volaillers…Parce que des marocains qui vivent dans leur pays, habitent dans leur médina. Mais si, mais si, la médina n'est pas uniquement faite juste pour que les touristes s'occupent à balader et à acheter des bricoles à ramener en souvenir. Donc il y a des boucheries, petites, avec un étal sur le devant, pour attirer le chaland, comme dans tous les pays du monde. Sauf qu'ici, évidemment, nous ne sommes pas encore sous la domination dictatoriale du tout aseptisé. Donc quelques mouches, toujours les mêmes, se sont infiltrées et batifolent. Il est totalement inutile de prendre un air dégouté et entendu.

Cette viande que vous voyez là est livrée tous les jours, les petits bouchers n'ont pas de stock, parce qu'ils n'ont pas de frigos assez grands et que de toute manière la boutique est trop petite. Cette viande est fraiche, contrairement à nos grandes surfaces où le vinaigre ou tout autre produit revigorant, a une utilité sur des viandes devenues tristes et d'une drôle de couleur faute d'avoir été vendues dans les temps. L'épicier a des yaourts, du lait, des oeufs dans les mêmes conditions. Il est, lui aussi, livré tous les jours et comme il travaille tout le temps, il est là à la livraison, lui. Qui n'a pas déjà vu dans les rue de Paris, par exemple, vers 14h00, sur le trottoir, une palette de lait et de yaourts qui attend sagement la réouverture du magasin pour être rangée, d'abord dans la réserve et ensuite, mais quant ensuite, dans les rayons.

Tout cela pour dire que les produits alimentaires que l'on achète dans la médina sont bons et frais, qu'ils ont du goût, de la saveur, de la couleur, que vous adorerez tous la cuisine servie dans les riads parce qu'elle est délicieuse mais où diable croyez vous donc que les riads font les courses ?

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Bons plans
 


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