Visite d'un riad



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riad

Rien n’est le fruit du hasard, même si nous souhaiterions penser le contraire. Un mot échappé d’une conversation entre amis fait son chemin et un jour dans un aéroport vous êtes ce voyageur impatient qui attend un avion qui vous déposera en douceur dans un pays de couleur et de senteur : le Maroc.

Nombres d’artistes, de créateurs ou de simple béotien à la recherche d’une originalité voir d’un exotisme qui manque cruellement à nos quotidiens cartésiens et économiques furent les premiers à vous ouvrir la voie et à révéler au monde occidental un vocable qui depuis les années 70 draine rêves et mystères « riad » ou « ryad ».

Quel que soit l’orthographe employée, ce mot signifie « jardin » pourquoi ?
Hérité d’une architecture qui trouve ses racines au 11éme siècle, le riad est, à partir de cette époque,  une habitation de princes et de notables.
Les remparts aveugles qui forment le mur d’enceinte sont présents tout autant pour protéger de l’ennemi que d’une nature aride.  La beauté  des lieux ne se révèle qu’une fois passé la lourde porte qui en protège l’accès.
A l’origine construit sans étage, formant un carré autour d’un espace à l’air libre qui selon la fortune du maître des lieux pouvait n’être qu’un simple patio ou un jardin luxuriant dont l’ornement central,  la fontaine, source de fraîcheur, de musicalité et d’apaisement en était le joyau.
C’est autour de ces habitations que sont nées les médinas, premières zones urbaines ou commerces et vie administrative s’organisent.
Au fil du temps et des modes architecturales le riad s’est doté d’un étage ou toutes les pièces s’ouvrent sur une coursive qui domine le patio et la terrasse dont l’existence n’était qu’utilitaire s’est vue élevée au rang d’espace de vie.

Mais ne nous perdons pas dans une histoire que vous découvrirez pas à pas lors de votre séjour.
Votre premier contact avec la ville rouge commence au sortir de l’avion, vrai ciel bleu azur, soleil éclatant et palmiers  majestueux qui semblent vouloir rejoindre les nuées. L’Inévitable cohue commune à tous les espaces de transit vous laisse un peu de répit avant l’immersion dans ce Maroc que vous êtes décidé à découvrir.

Dans le taxi qui se rapproche du centre névralgique de la ville, cette Médina qui pour l’instant n’est qu’un mot dans votre esprit, votre impatience grandit.Passé les remparts, incrédule et vaguement inquiet de vous apercevoir que votre taxi ne s’arrête pas mais s’enfonce dans un lacis de ruelles encombrées d’une foule bigarrée ou se mêle piétons, charrettes, ânes, vélo, tout ça dans un joyeux tintamarre, vos yeux se savent plus où se poser et votre cœur bat plus vite.

Vous êtes enfin arrivé, au fond d’une petite rue, une porte s’ouvre sur le sourire de votre hôte et après l’avalanche de bruits et de senteurs qui vous a légèrement étourdie un  silence étonnant se fait. Tout est là, la fontaine et son chant délicat, le patio arboré tout bruissant de trilles d’oiseaux moqueurs et cette étonnante architecture faite toute à la fois de finesse et de majesté.

Le riad s’offre à vous, votre premier guide dans ce voyage initiatique sera votre hôte, qui avec l’enthousiasme que donne l’amour d’un pays et d’une culture, saura vous passionner et vous faire découvrir, loin des sentiers battus du tourisme habituel, la nature profonde de Marrakech et de ses alentours.

Après le premier thé à la menthe, la visite du riad, votre maison pour quelques jours, peut commencer. De splendides portes à double battant en cèdre délicatement ouvragé vous invitent à entrer pour vous révéler un salon chatoyant et délicieusement confortable ou se mêle les matériaux dont vous découvrez les noms : zellig, bejmat, tadlakt…les couleurs de l’orient s’imprègnent  au détour de chaque chambre et de chaque recoin savamment décorés, dans vos yeux étonnés. De la coursive desservant les chambres un escalier vous entraine sur la terrasse ou bougainvillers, hibiscus, jasmins, orangers… vous offrent dans une débauche d’effluves,  les colories les plus variées. Tout semble être fait pour apporter calme, sérénité, douceur de vivre et confort à l’invité des lieux.

Un choix difficile s’offre à vous, devez-vous vous laisser glisser dans cette ambiance de douceur et de volupté ou sortir et affronter le tumulte,  vous fondre dans le théâtre vivant de la Médina…. les fourmis que vous avez dans les jambes répondent pour vous, vous êtes prêt à l’aventure et à gorger vos sens en éveil de toutes sensations, images et senteurs que la rue déploie à l’infini.


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Auteur : Marie Belattar