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Une rencontre colorée avec le photographe Fred Leloup de Marrakech!

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  • Nom : Leloup
  • Prénom : Fred
  • Métier : Photographe

La boà�te s'appelle "Magenta Production"; installé à Sidi Ghanem, Fred Leloup propose un regard coloré et moderne dans ses photos. Que se soit sur le Maroc, ses paysages et sa culture ou sur des portraits et des scènes, vous serez attiré par son travail qui peut passer du sépia donnant un sentiment intemporel, au digital qui vous propulse vers le futur!
N'hésitez surtout pas à visiter le site: Magenta Production

Leslie :

Comment êtes-vous arrivé à Marrakech ?

Fred :

La première fois que je suis venu au Maroc, c’était il y a douze ans, pour faire le catalogue de Marco de Fan Wa Noor et j’ai tout de suite eu le coup de foudre. La lumière, les paysages, le décalage avec le temps, le soleil. Mais à l’époque ce n’était pas encore le moment, je suis reparti en Belgique et puis ca m’est sorti de la tête. En 2002 j’ai eu mon lot de catastrophes, une mauvaise année tant familiale que privé, alors Marco m’a réinvité pour me remettre l’idée en tête, ce qui a d’ailleurs très bien fonctionné. Et puis fin 2008, j’ai fini par me décider et déménager.

Leslie :

D’oà� vous viens votre passion pour la photographie ?

Fred :

J’ai toujours été attiré par l'artistique, j’étais un peu touche à tout, j’ai fait l’académie des beaux arts, du dessin, de la peinture, un peu de danse. En dessin je n’étais pas spécialement mauvais mais je ne me démarquais pas plus que les autres et la danse demandait trop de rigueur! (rire)
Beaucoup plus tard, j’étais chez des amis un soir de fête et je suis tombé sur un appareil photo. Tout leur appartement était très seventies dans la décoration et je me suis amusé toute la soirée à prendre un peu tout en photo, en y allant au feeling. L’idée a fait son chemin et j’ai pris 3 années cours en photographies pour nourrir ma technique. Pendant ces trois années je suis rentré dans l’univers d’expression qui me correspondait vraiment, j’avais enfin trouvé ce qui me convenait. Par la suite, j’ai fait de l’assistanat avec plusieurs photographes belges et puis de la gestion de studio. Mais j’étais un gros fêtard, j’ai pris ma retraite à l’envers ! (rire) et en arrivant à Marrakech ca été l’occasion de se mettre au travail à mon compte et d’y aller intensément.

Leslie :

Y a t-il des photographes réputés dont vous affectionnez particulièrement le travail ?

Fred :

Le must pour moi en portraitiste, c’est Richard Avedon, il a le don de choisir les gens, des gueules de caractère, il a fait des choses terribles aussi, son père a été malade et il l’a photographié tous les jours jusqu'à sa mort, ca été aussi un des premiers à faire des photos dans des asiles psychiatriques, il a un rapport à l’humain très fort.
Il y a aussi Robert Mapplethorpe qui est un photographe très controversé parce qu’il pouvait faire de photos de nature morte très classique et faire des photos sur le milieu gay en allant assez loin et en sortant des clichés de l’époque.
Will Mc bride aussi mais dans un autre style encore; il a fait de la prison parce qu’il a photographié une scène avec ses enfants nus, mais avec un coté très pur qui n’a pas toujours été bien compris. Et pourtant ne pas voir l’innocence qui en ressort c’est vraiment avoir l’esprit mal tourné. J’aime être surpris et touché par les photos, ces trois là y sont toujours arrivés.

Leslie :

Vous travaillez sur tous les codes de la photographie (lumière, relief, perspective, couleur..) mais la matière semble particulièrement vous inspirer ?

Fred :

C’est intéressant une matière, il y en a tellement, il y a tellement de chose autour de nous, que ce soit tactile ou visuel, ca donne une profondeur. Les matières ont une façon de capter la lumière qui apporte une histoire.
Et quand j’ai utilisé le digital en arrivant ici, par pur hasard, je me suis retrouvé avec des résultats hallucinant. L’appareil que j’avais acheté à l’époque avait des lacunes dans l’obscurité, et en devant faire des photos pour un spectacle, j’ai utilisé l’argentique pour voir et je n’ai vraiment pas été déçu du résultat. C’était un spectacle japonais, il y avait des danses avec des draps et les flous de bougé, le pixel, la matière et le peu de profondeur de champ donnaient pratiquement une peinture. Ce rendu tout en matière m’a vraiment accroché.

Leslie :

Le digital, c’était justement l’objet de la question suivante, vous disiez que vous l’aviez utilisé par hasard mais finalement c’est devenu une technique que vous affectionnez particulièrement n'est ce pas?

Fred :

Disons qu’à la base quand je l’ai utilisé c’était pour compenser le défaut du flash, souvent dans la photo les choses se créent par accident, il faut faire des expériences pour découvrir. La solarisation c’était un accident par exemple, l’interrupteur a été allumé très vite pendant que le photographe était en train de développer le négatif et ca a donné l’effet surprenant que l’on connaà�t bien maintenant. Les tests et le hasard sont les ingrédients essentiels dans la photo. Et le digital est rentré dans mon expérience ainsi, les effets qu’il apporte m’ont attiré tout de suite et j’y retrouve des mises en valeurs uniques.

Leslie :

Avez- vous un point de vue fétiche lorsque vous photographiez ?

Fred :

Non pas du tout, je fonctionne assez au coup de cœur, je fais en fonction de comment je flash sur le sujet. Je prends et je fais mon cadrage instinctivement en fonction de tous les éléments qu’il y a autour. J’ai pas de fil conducteur, je pars plutà�t dans l’idée que je ne sais pas comment je vais m’orienter mais les conditions techniques m’aiguillent et me déterminent le cadre des possibilités.
En revanche, j’affectionne plutà�t les sujets, l’humain me passionne mais il est vrai que depuis que je suis au Maroc, la lumières et les couleurs sont tellement belles que les paysages, dont les vieilles portes, m’attirent aussi beaucoup. Elles ont un vécu passionnant qui ressort bien sur les photos et la beauté du pays donne vraiment envie de capturer ce qui nous entoure.

Leslie :

Avez-vous un lieu d’exposition pour vos œuvres personnelles ?

Fred :

J’ai exposé deux fois chez Fan Wa Noor, une série noir et blanc y est d’ailleurs encore présentée et puis dans la boutique "Kalbi", rue des Vieux Marrakchis à Guéliz, il y a des photos en vente.

Leslie :

Vous travaillez aussi pour les autres, pour quelle type de demande on peut vous appeler ?

Fred :

Au Maroc il vaut mieux être polyvalent, les choses bougent beaucoup! Je fais des photos déco, du catalogue, je me suis occupé de celui des Sens de Marrakech, d'Akkal, Vianotti...
Je peux aussi couvrir des évènements comme des spectacles, des mariages, des réceptions ou faire les photos vitrines des établissements, je suis assez ouvert.

Leslie :

Et pour finir, on connaà�t l’engouement actuel pour la perfection visuel et donc les retouches, qu’en pensez-vous?

Fred :

J’ai horreur de cela, je le fais sur mon travail personnel, par rapport aux couleurs, sinon quand c’est pour le travail extérieur, je déteste vraiment ça. Je suis encore de la vieille école, j’essaye donc de prendre les photos en faisant en sorte que le sujet demande le moins de retouches possible.
Au temps du gris film j’adorais reprendre au pinceau les photos, c’était manuel et relaxant. Mais maintenant tout est informatisé et je préfère le naturel, quand je fais des portraits, j’essaye dès le départ de faire de belles photos qui mettent en valeur.

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Bons plans
 


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